Réfléchissons à ce qui possède vraiment une valeur, ce qui donne un sens à notre vie, ordonnons nos priorités en conséquence. Tenzin Gyatso, le quatorzieme dalai-lama
Extrait du livre « Kilomètre zéro » de Maud Ankaoua
« Il disparut quelques instants dans la nuit noire au fond du jardin et rapporta un sac qu’il laissa au pied de sa chaise. Il remplit le récipient de trois gros cailloux.
«Maelle, le pot est-il plein ? Je le regardai, interrogative, ne comprenant pas bien le sens de sa question. Sans dire un mot, il sortit de sa besace une généreuse poignée de graviers qu’il plaça avec délicatesse dans le pot de verre. Il le secoua, les petites pierres se glissèrent entre les espaces. Il me demanda à nouveau si le pot est plein. Je me redressai sur ma chaise. Plus impliquée, j’hésitai avant de répondre par l’affirmative. Il attrapa le sac et versa le reste du contenu: du sable combla les trous, puis il réitère sa question. Je souris, amusée. « Cette fois-ci, je pense qu’il l’est! » Shanti nettoya la table d’un revers de main.
Imagine que ce récipient soit ta vie. Et que les trois cailloux symbolisent les choses les plus importantes pour toi: ce dont tu ne pourrais te passer pour être heureuse. Considère les graviers comme les priorités secondaires, celles qui arrivent juste après l’indispensable. Je le fixai sans comprendre ce qu’il essayait de me dire. Enfin, imagine que le sable corresponde à tout le reste: les bonheurs inutiles, ceux qui te font du bien, mais qui ne sont qu’un complément de l’essentiel » puis de « l’important ».
Bon, où veux-tu en venir ?
Si j’avais rempli le pot de sable, il n’y aurait plus de place pour les graviers ou les cailloux. C’est pareil pour ta vie: si tu consacres ton temps et ton énergie aux éléments secondaires tu n’as plus d’espace pour l’essentiel, tu passes à côté de ton chemin. Tu cours après le superficiel en te demandant pourquoi tu n’es pas heureuse.»
Alors, arrête de charger ton bocal de sable, Maëlle. Vis tes rêves, prends soin de toi, de ton coeur, de ton corps, de tes envies, des gens que tu aimes. Remplis-toi de ce que tu es et cesse d’avoir peur de souffrir, c’est cette peur qui t’empêche d’être heureuse et t’enferme dans tes blessures. Prends le risque de vivre et d’être ce qui t’habite. Emplis ton bocal, caillou par caillou, gravier par gravier, grain de sable par grain de sable en considérant chacune de tes priorités. A chaque fois que tu poses un élément, il doit prévaloir sur tous les suivants. Choisis par primauté la première pierre, puis ajoute la deuxième en te disant que tu ne sacrifieras jamais la première pour la deuxième. Et continue avec le même raisonnement, jusqu’au dernier grain. Mais fais attention à ce que tu veux, car tu risques de l’obtenir. »